Deux études prouvent que le DP peut sauver des vies
L’évaluation du Dossier Pharmaceutique (DP) est en marche. Les résultats de deux études portant sur les interventions pharmaceutiques – DOPI-OFFI et IPADAM – viennent d’être publiés. Leurs conclusions sont extrêmement positives et encourageantes.
Le DP a été créé pour favoriser la coordination, la qualité, la continuité des soins et la sécurité de la dispensation des médicaments*. Sa mise en œuvre est assurée par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Au deuxième semestre 2013, l’Ordre a lancé un appel à projets de recherche afin d’évaluer le DP, d’une part sur son déploiement et son fonctionnement et, d’autre part, sur sa performance (ou interventions pharmaceutiques, IP) selon les objectifs fixés par la loi.
Deux équipes de recherche universitaires ont été retenues pour évaluer le DP sur le thème suivant : « Le DP et les interventions pharmaceutiques. Le DP, par la connaissance de l’ensemble des traitements pris par le patient, aide-t-il à améliorer la sécurité de l’acte pharmaceutique ? »
Appuyer l’analyse de la prescription
La première étude, DOPI-OFFI (apport du DP sur les interventions pharmaceutiques en pharmacies d’officine), réalisée sous l’égide du Dr Pierrick Bedouch, maître de conférences en pharmacie clinique à la faculté de pharmacie de Grenoble, quantifie et qualifie les interventions pharmaceutiques en officine (8 000 interventions recueillies en six semaines dans 248 officines) ainsi que l’impact du DP.
Si elle a permis de confirmer que le DP est utile essentiellement pour les patients « de passage » dans une pharmacie, elle a également conforté sa pertinence dans l’analyse des prescriptions. Au cours de cette étude, le DP a ainsi permis d’éviter des prescriptions non conformes, des problèmes de posologie, les redondances ou la consommation de produits contre-indiqués/non conformes aux référentiels ou encore d’éviter des interactions médicamenteuses. Il est intéressant de noter que 50 % des interventions pharmaceutiques ont fait l’objet d’un appel au prescripteur et que dans 92 % des cas les médecins ont accepté la proposition du pharmacien.
La seconde étude, IPADAM (interventions pharmaceutiques à propos du DP et de l’automédication), conduite par le Pr Brigitte Vennat, doyen de la faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand, évalue la quantité et la qualité des interventions pharmaceutiques réalisées sur des médicaments hors-prescription – ibuprofène et pseudoéphédrine isolés ou associés (sur deux semaines, 815 interventions pharmaceutiques).
Sur les 12 160 dispensations analysées, le pharmacien est intervenu dans 815 cas, par exemple pour empêcher des femmes enceintes de prendre de l’ibuprofène. Dans 10 % des cas, le pharmacien a été alerté par le DP. Un chiffre qui pourrait être plus élevé, la moitié des patients observés n’ayant pas leur carte Vitale indispensable à la consultation d’un DP.
Renforcer la sécurité des actes professionnels
Ces deux études confirment donc que le DP permet de détecter les interactions médicamenteuses et les contre-indications physiopathologiques. L’importance de son rôle est notamment mise en avant dans l’automédication où il contribue à la détection de contre-indications ou de non-indications.
Le pharmacien a un vrai rôle de santé publique dans la délivrance des médicaments à prescription facultative car les patients méconnaissent les risques des médicaments largement utilisés en médication officinale ; ils ne sont pas conscients des interactions entre médicaments non prescrits et médicaments prescrits ou pathologie concourante.
L’évaluation du DP ne fait que commencer mais, comme l’indiquent les premiers résultats de ces études, le bénéfice du DP pour la sécurité des actes professionnels est réel et ira grandissant.
* Article L. 1111-23 du code de la santé publique.
Lancement de www.social-sante.gouv. fr : le nouveau site du ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes est en ligne !
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Au 12/01/2016