Mésusage du médicament

« Purple drank » : nouvelle mise en garde de l’ANSM. L’Ordre interpelle l’ANSM.

« Purple drank » : nouvelle mise en garde de l’ANSM. L’Ordre interpelle l’ANSM.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte de nouveau les professionnels de santé sur l’usage détourné des médicaments antitussifs et antihistaminiques chez les adolescents et les jeunes adultes. Les cas d’usage de ces médicaments à des fins « récréatives » chez les jeunes, auxquels l’Ordre avait déjà sensibilisé les pharmaciens en mai 2015, sont en nette augmentation. L’Ordre a écrit à l’ANSM pour demander l’interdiction de délivrer ces médicaments sur les sites de commerce électronique des officines.

 

Au printemps dernier, l’Ordre consacrait un cahier thématique (cf. En savoir plus) à la lutte contre le mésusage du médicament, où une large part de l’information était consacrée aux usages récréatifs du médicament. Le « purple drank » y était notamment présenté. Phénomène venu des États-Unis, cette boisson composée de sirops à base de codéine, de prométhazine et de soda fait l’objet de signalements d’abus et d’usages détournés de plus en plus fréquents en France depuis les premiers cas rapportés au réseau d’addictovigilance de l’ANSM en 2013.

 

Quelles sont les substances utilisées ?

La codéine  est un opiacé indiqué chez l’enfant de plus de 12 ans et l’adulte dans le traitement symptomatique de la toux ou des douleurs d’intensité modérée à intense. La prométhazine est un antihistaminique H1 indiqué dans le traitement symptomatique des manifestations allergiques et en cas d’insomnies occasionnelles. Ces deux médicaments sont utilisés sous différentes formes pour la fabrication du « purple drank » (comprimé, sirop et solution buvable). Ce sont généralement les spécialités Euphon® ou Néo-codion®, Tussipax®, Padéryl® ou Phénergan® (en sirop ou en comprimés écrasés) qui servent à la composition. Autant de médicaments accessibles sans ordonnance. On retrouve d’autres médicaments, comme le dextrométhorphane ou l’association paracétamol-codéine, dont la consommation abusive présente un risque supplémentaire d’hépatotoxicité.

 

Reconnaître les symptômes

Les symptômes décrits comprennent notamment des troubles de la vigilance (somnolence) et du comportement (agitation, syndrome confusionnel ou délirant) ainsi que des crises convulsives graves. Cette consommation peut également être une porte d’entrée dans l’addiction. Les cas d’abus concernent les garçons aussi bien que les filles. Les consommateurs sont majoritairement des adolescents (le plus jeune ayant 12 ans) mais aussi de jeunes adultes.

 

Une vigilance permanente

L’identification d’un mésusage est difficile d’autant que les médicaments concernés peuvent faire l’objet de demandes dissociées dans des pharmacies différentes.

Cependant, en complément d’une prise en charge du patient respectant les huit recommandations de la démarche ACROPOLE proposée par l’Ordre*, il est recommandé d’être attentif à :

l’âge de votre patient (jeune adulte ou adolescent) ;
un état de santé qui n’est pas en rapport avec les produits demandés ;
des réponses évasives aux questions posées ;
 des antécédents d’abus, de dépendance ou un comportement qui pourraient supposer un usage détourné ;
des demandes fréquentes et/ou en quantités anormales.

 

Refuser une dispensation, y compris sur Internet, dans l’intérêt du patient

Le pharmacien a « un devoir particulier de conseil lorsqu’il est amené à délivrer un médicament qui ne requiert pas de prescription médicale » **. De plus, face à une demande lui paraissant suspecte, il possède un devoir « à part », celui du refus de vente. « Lorsque l’intérêt de la santé du patient lui paraît l’exiger, le pharmacien doit refuser de dispenser un médicament. » *** Vous avez donc le devoir de dire « non ».

Les pharmaciens qui délivrent ces médicaments sur leur site Internet doivent être très prudents. L’Ordre a ainsi pu constater que, sur certains sites, ces médicaments arrivent en tête des délivrances. Les pharmaciens concernés ont été alertés. Au-delà, la présidente du Conseil national de l’Ordre, Isabelle Adenot, a demandé à l’ANSM d’interdire la vente de ces médicaments par Internet. « La même autorité ne peut d’un côté alerter sur le mésusage de médicaments et de l’autre favoriser leur délivrance avec des contrôles quasi impossibles, comme par exemple sur l’âge des internautes, puisque chacun remplit ce qu’il veut ! C’est la sécurité sanitaire qui doit primer !  », indique Isabelle Adenot.

 

Déclarer les cas d’abus

En cas de mésusage avéré, n’oubliez pas de le signaler. La déclaration des cas d’abus grave et de pharmacodépendance liés à la prise de substances ou de plantes ayant un effet psychoactif ainsi que de tout autre médicament ou produit est obligatoire****.

De plus, tout cas d’abus doit être déclaré auprès du centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP) dont vous dépendez*****.

 

* ACROPOLE (Accueillir, Collecter, Rechercher, Ordonner, Préconiser, Optimiser, Libeller, Entretenir). Voir www.acqo.fr

** Article R. 4235-48 du code de la santé publique (CSP) .

*** Article R. 4235-61 du CSP.

**** Article R. 5219-3114 du CSP.

***** Rubrique Déclarer un effet indésirable sur www.ansm.sante.fr

 

En savoir plus

• Abus, usage « récréatif », addiction, dopage… La lutte contre le mésusage du médicament ,  cahier n° 7 de l’Ordre national des pharmaciens (avril 2015)

• Point d’information de l'ANSM sur l’usage détourné de médicaments antitussifs à base de dextrométhorphane chez les adolescents et les jeunes adultes

 

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En présentiel et en diffusion simultanée par webcast.

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Au 04/04/2016