Discours

Les grands messages de la 28e Journée de l'Ordre (annulée)

Les grands messages de la 28e Journée de l'Ordre (annulée)

En raison des événements dramatiques qui ont touché les Français, et pour que les pharmaciens puissent être auprès de la population, la 28e Journée de l’Ordre a été annulée.
Extraits des points forts de l’allocution que devait prononcer Isabelle Adenot, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.

 

Vous retrouverez ici les extraits de son discours,  tel qu’il aurait dû être prononcé.

 

L’innovation et la personnalisation des soins

L’avenir des pharmaciens, c’est une évidence, va vers une personnalisation renforcée des médicaments, des dispositifs médicaux (DM) et des services pharmaceutiques.

Personne, et certainement pas les pharmaciens, n’imagine que ces derniers deviennent anachroniques. Accompagnés par leurs sociétés informatiques ou par les concepteurs d’avancées technologiques, ils ont l’habitude de se saisir de solutions novatrices.

Comme nous avons su, par exemple, le faire – tous métiers confondus et avec quel succès – pour le Dossier Pharmaceutique (DP), faisons de l’explosion du numérique, sous réserve d’un cadre adapté, un levier au service de la personnalisation renforcée des soins au patient.

Le séquençage du génome et les biomarqueurs sont la clef de la personnalisation. Avec l’imprimante 3D, on quitte la fabrication en série pour arriver aussi au « sur-mesure ». Aujourd’hui, elle est réalité pour des dispositifs, des attelles ou des prothèses. Demain pour créer des tissus vivants et imprimer des comprimés.

Demain encore, l’implantation de biocapteurs, l’analyse sans délais de multiples données, les applications santé, la télésurveillance, le télésuivi accompagnement, les piluliers connectés… vont changer les liens avec les patients.

Vertige devant tant d’innovations ? Cauchemar ? Angoisse de voir disparaître la relation humaine ? À moins que ce ne soit justement le contraire ! Car il dépend de nous, dans notre domaine de compétence, d’être les guides, les repères et les accompagnateurs de ces révolutions.

 

Campagne de communication 2016 sur l’officine

Le rêve dangereux que certains esquissent de faire délivrer les médicaments par des docteurs en pharmacie hors des pharmacies nous pousse à poursuivre notre détermination à mettre en valeur auprès du public le réseau des pharmacies.

C’est pourquoi, le 11 janvier 2016, l’Ordre national des pharmaciens (ONP), avec le soutien de l’ensemble de la profession, lance une nouvelle campagne de communication auprès du grand public pour valoriser la pharmacie, son utilité et sa proximité au service des Français.

Cette campagne de communication nationale rappellera au public de différencier le médicament des produits de consommation courante et donc de différencier les pharmacies des autres réseaux de distribution.

 

Lancement de la réflexion autour du code de déontologie

Le respect des principes déontologiques est placé au cœur de nos exercices. Ces principes ne sont pas un carcan. Ils sont un atout.

Aujourd’hui, sans sacrifier ces valeurs, qui sont des piliers pour notre profession, l’Ordre a souhaité ouvrir une réflexion autour de notre code de déontologie. Il nous faut en effet évaluer son bon ajustement aux réalités de l’exercice professionnel.

On ne communique pas en 2015 comme en 1995, date de notre actuel code. Facebook et moteurs de recherche associés à la géolocalisation ont remplacé les papiers à en-tête et les annuaires !

Et serait-ce si incongru d’adresser à un patient un SMS pour lui rappeler de prendre ses médicaments ? Sollicitation de clientèle ou suivi d’observance ? Quant à la notion de secret professionnel et de compérage entre professionnels de santé, peut-on les concevoir à l’identique à l’heure du partage de données et des maisons de santé ?

Pharmaciens, tous, les 75 000, vous êtes les mieux placés pour porter un juste regard sur ces règles de conduite que vous appliquez au quotidien. Vous allez recevoir dans quelques jours un courrier. Notre nouveau directeur général a organisé une plate-forme dédiée à vos réponses. Alors, répondez et contribuez à élaborer notre nouveau code de déontologie.

 

Les résultats des deux études sur les interventions pharmaceutiques

Dire que le pharmacien agit pour le bon usage du médicament, c’est bien. Le mesurer, c’est mieux. L’impact du DP et des interventions pharmaceutiques sont désormais prouvés.

Sous l’égide du docteur Pierrick Bedouch, maître de conférences en pharmacie clinique à la faculté de pharmacie de Grenoble, l’activité clinique de 248 pharmacies réparties sur le territoire national a été mesurée. Plus de 7 300 interventions pharmaceutiques ont été relevées pendant six semaines, selon la codification validée par la Société française de pharmacie clinique (contre-indication, indication déconseillée, inobservance, redondance ou oubli de prescription, pharmacodépendance…).

Parallèlement, sous l’égide du professeur Brigitte Vennat, doyen de la faculté de pharmacie de Clermont-Ferrand, une étude a porté dans 480 officines également réparties sur le territoire national durant deux semaines sur la dispensation de deux molécules, la pseudoéphédrine et l’ibuprofène, isolées ou associées en une même spécialité. 25 000 dispensations. La moitié sans ordonnance. Sur cette dernière moitié, objet de l’étude, plus de 800 interventions pharmaceutiques.

Les résultats complets de ces deux études vous seront prochainement communiqués ; en attendant, force est de reconnaître que les pharmaciens veillent avec vigilance et constance sur la dispensation adéquate et mesurée des produits de santé.

 

Problématiques actuelles sur les médicaments non remboursables

En période de crise, chaque euro compte et chacun souhaite bénéficier de la concurrence sur les prix. Mais, contrairement à ce que certains veulent imaginer, si la concurrence entre pharmacies doit exister, elle est également réelle.

Mais pour que cette légitime concurrence s’exerce loyalement, faut-il encore que les fournisseurs, les laboratoires, la permettent équitablement. C’est-à-dire qu’ils livrent toutes les structures de regroupement à l’achat et toutes les centrales d’achats prévues dans le code de la santé publique (CSP) dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, ces plates-formes d’achats n’ont pas les moyens d’être suffisamment efficientes.

Pour l’ONP, cette situation ne peut plus durer. Que les laboratoires y pensent. Il en va de l’image et de l’honneur d’une profession.

De même, les laboratoires ne doivent pas introduire de confusion dans l’esprit du public. Alors que l’on demande au public de différencier les médicaments des produits de consommation courante, aujourd’hui, des produits, qui sont des DM ou autres, portent le même nom de marque que des médicaments. Pour l’Ordre, c’est insupportable. Confrères industriels, vous qui êtes capables de tant d’innovations pharmaceutiques au service de la santé, vous avez une place importante au sein de vos laboratoires. Usez de tout votre poids pour la cohérence de la chaîne du médicament.

 

Demande de réformes

Pourquoi cinq ans après la parution de la précédente loi de santé les pharmaciens d’officine ne connaissent-ils toujours pas, faute de décret, les conditions dans lesquelles ils peuvent proposer « des conseils et des prestations destinés à l’amélioration ou au maintien de l’état de santé des personnes »  ? Pourtant, le Conseil d’État considère que « l’exercice du pouvoir réglementaire comporte non seulement le droit, mais aussi l’obligation de prendre dans un délai raisonnable les mesures qu'implique l’application de la loi » .

Et pour quelles mauvaises raisons l’officine n’a-t-elle toujours pas ses bonnes pratiques, pourtant prévues au CSP ? Ni celles pour la dispensation des médicaments, ni celles pour la préparation des doses à administrer.

Ces décrets sont de la responsabilité du ministère de la Santé. Ne faisons pas basculer l’officine côté commerce. Car à force d’attendre, l’officine basculera vers le commerce. Et les difficultés économiques ne peuvent justifier l’absence de ces bonnes pratiques, marges de progression vers toujours plus de qualité.

Bien sûr, il faut que la qualité reste un atout. Pas un handicap. Inutile de s’abreuver ou de s’enivrer de procédures !

À ce sujet, l’accréditation en biologie interroge. La section Santé humaine du Comité français d’accréditation (Cofrac) est vivement critiquée par les biologistes, qu’ils soient médecins ou pharmaciens. Tous soulignent une accréditation non adaptée à l’exercice. Principalement technique au détriment de la culture médicale indispensable à une prise en charge adaptée du patient.

Pourtant, les biologistes, tout en dénonçant les conditions de l’accréditation, s’étaient mis en ordre de marche pour 2016 et restructurés (plus que 1 000 laboratoires de biologie médicale) pour supporter les répercussions financières considérables. Et maintenant, on leur annonce que finalement l’accréditation ne peut continuer sur ce même rythme et de la même manière ! Les biologistes sont épuisés par la modification permanente de leurs règles de fonctionnement.

Les pharmaciens biologistes sont aussi écœurés. Par la loi, ils devenaient des biologistes médicaux ; finalement, par décret, que l’Ordre conteste, ils perdent leurs prérogatives. Pourtant, tous les biologistes médicaux, pharmaciens ou médecins, ont bien le même diplôme. Allez comprendre !

Cette non-lisibilité, ces valses hésitations, ces décrets et arrêtés qui ne paraissent pas, ces décrets ou arrêtés annulés qui ne reparaissent pas, comme ceux sur l’usage des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) en officine, exaspèrent les pharmaciens dans ces périodes difficiles.

Un regret également : le retrait de l’acte de vaccination par les pharmaciens d’officine. Service que de très nombreux pharmaciens assurent en Europe avec, partout, une augmentation conséquente de la couverture vaccinale.

L’Ordre comprend que des médecins puissent être tétanisés par l’angoisse de la dépossession. Mais, sur un tel sujet, agir en ordre dispersé n’est pas productif. Échappons à une confrontation sans issue entre professionnels de santé. Sortons de l’impasse. Les professionnels de santé ont une communauté de destin et de sens. Agissons tous ensemble pour l’amélioration de la couverture vaccinale.

 

© Crédit photo : Jean-Christophe Leroy.

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  • DP créés : 40 401 507
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Au 09/11/2015